Il y a quelques mois je confiais dans une interview du magazine Paris Match, ma relation avec le tissu aérien, une discipline sportive ( issue du monde du cirque) et artistique qui a représenté un élément fondamental à période de ma vie, puisque je m’y adonnai immédiatement après avoir quitté le X. Une manière de rediriger mon énergie, de me réapproprier mon corps, de m’exprimer… me réinventer.
Cette expérience charnelle et sensorielle, presque spirituelle (n’est-ce pas une forme d’envol?), je la raconte en quelques mots dans mon témoignage « Ne dis pas que tu aimes ça » (Fayard).
Je profite donc de ce blog pour partager avec vous ma petite déclaration d’amour au tissu aérien et le montage vidéo du numéro que j’ai le plaisir de réaliser en Novembre 2017, à l’Auditorium St Germain pour le festival de littérature à voix haute, Livres en Tête.
Entre mes cuisses, mes doigts, le long de mes hanches, il glisse, me sert, m’étrangle, me brûle, parfois…
Je ne lui en veux pas. Il est ce qui me rapproche du ciel. Dans nos longs ébats, épuisée, jamais je ne lâche. Une perte de contact, et je tombe… Il s’en fout.
Moi? Je crois en lui pour qu’il m’élève. Au fil des gestes, une histoire se tisse doucement dans les airs.
Corps emmêlés presque liquides, et tandis que mes doigts se relâchent, mes bras s’ouvrent en croix. Soudain c’est un saut, un envol.
Un don total. Je ne peux tricher. Je ne veux pas.
La matière, élastique ressert alors son emprise, accompagne la chute.
Elle coule et s’enroule, jusqu’au choc de l’étreinte qui m’enlève à la dureté de la terre. Le corps déployé, mon esprit découvre un nouveau champ du possible.
Convaincu si longtemps d’avoir été tenu en cage, il comprend enfin.
Nul besoin de se perdre en l’autre pour être libre. Tout est là, dans l’espace à embrasser qui est déjà dans mes bras.
Le tissu aérien est une poésie du corps. Il est danse, souffle et vertiges. Avec lui, je fais l’amour d’une autre manière…
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