Depuis quelques jours j’ai le plaisir de partager avec vous mes premières vidéos tuto en self-défense sur ma nouvelle chaîne YouTube Ma Vie De Ninja. J’ai fait appel à un expert en la matière, Michael Illouz. Je vous propose de faire connaissance avec lui.
Mesdames et Messieurs, Michael Illouz
Ancien parachutiste dans l’armée française en tant que chargé de recherche et d’instruction spécialisé au sein d’une unité opérationnelle des services spéciaux (Forces Spéciales), Michael Illouz a été formé par Franck Ropers et enseigne aujourd’hui le penchak silat depuis 12 ans. Spécialiste de la sécurité personnelle et de la sûreté, il crée et met en œuvre des programmes de formation dans les domaines de la défense personnelle individuelle ou collective, civile ou militaire. Et oui, rien que ça. Vous l’avez compris, il était naturel que je me tourne vers lui!
Son parcours
2- Salut Michael, quand et comment as-tu débuté les arts martiaux ? Quelle était ton intention quand tu as débuté ?
J’ai commencé les arts martiaux comme beaucoup d’enfants pour gagner en assurance et canaliser pas mal d’énergie combative. J’avais 6 ans et c’est par le karaté que j’ai fait mes premières armes.
3- Avec l’expérience que tu as acquise, est-ce que ta perception des arts martiaux et ton intention ont changé ? Par ex certaines personnes commencent à pratiquer pour gagner confiance en elle, d’autres veulent clairement pouvoir pratiquer en situations réelles etc…
Bien sûr avec le temps les objectifs changent. J’ai commencé par certaines désillusions puis petit à petit j’ai commencé à chercher des points de convergence entre les différents styles de combat pour retrouver la vocation de base qui était sans aucun doute la recherche de l’efficacité. Quand je suis rentré à l’armée j’ai dû revoir beaucoup de mes a priori. D’une part sur ce qu’était un combattant, d’autre part sur ce qui était « folklorique » dans les arts martiaux et qui ne trouvait pas sa place dans le milieu opérationnel. Avec le temps je commence à peine à comprendre que le combat est quelque chose de très individuel surtout si l’on parle de self-défense. Il n’y a pour ainsi dire pas de bon ou mauvais style.
Ce qui compte surtout c’est l’honnêteté du professeur et sa volonté de composer avec ses élèves pour leur permettre d’atteindre leurs objectifs, si tenté qu’ils soient réalistes.
Le Penchack
4- Tu es instructeur à l’académie Franck Ropers dont la notoriété dépasse aujourd’hui le milieu des pratiquants d’arts martiaux. Peux-tu nous présenter le penchak en quelques mots et le style de Franck Ropers? As-tu une approche différente de la sienne quand il s’agit d’enseigner?
Le penchak silat est un art martial sud-est asiatique. C’est un art de combat qui possède un très grand nombre de déclinaisons. Parler de silat c’est comme parler de kung fu en chine. Les formes sont encore très épurées en comparaison à d’autres styles asiatiques car pendant longtemps si une technique se révélait inefficace. Le pratiquant était alors mutilé ou tué, si bien qu’elle n’était pas transmise. Historiquement ces différents styles ont été utilisés sur des zones de guerre encore récemment, en comparaison à d’autres arts martiaux. (notamment pendant la guerre d’indépendance de l’Indonésie « revolusi » de 1945 à 1949, précédée par l’occupation paponaise). Et c’est cet emploi qui a permis d’en préserver un seul au niveau d’efficacité. Car un art martial qui n’est pas « utilisé » change de sens.
Le style de Franck Ropers est assez personnel et occidentalisé pour des gabarits différents des populations sud-est asiatiques. Son approche s’est voulue plus fédérale et attachée à la jeunesse et sport offrant un large spectre de pratiquants : autant ceux qui chercheraient la self-défense que des formes plus traditionnelles.
La vocation même du silat est sa faculté d’adaptation,
ce qui explique les différences entre les professeurs de toutes les écoles qui sont à mes yeux aussi efficaces les uns que les autres mais plus tournés dans un domaine ou un autre. Je pratique avec Franck Ropers depuis maintenant 19 ans. J’ai fait toutes les étapes les unes après les autres. Et même si mes bases sont de fait les mêmes, ma manière d’enseigner sera forcément différente. Chaque individu s’approprie avec le temps son silat et le transmettra à sa manière. Pour ma part j’aime autant le côté opérationnel que folklorique car c’est un tout. Et on se doit de s’intéresser à l’essence même de l’art. Sinon cela devient juste une méthode de self-défense sans âme.
5- Qu’est-ce qui fait du penchak silat un art martial idéal pour se défendre en cas d’agression ?
Son histoire, sa position géographique dans un archipel offrant beaucoup de passages donc beaucoup d’échanges. Comme je disais précédemment la vocation même du silat c’est l’adaptation. Avec les facteurs que j’expose ici, il a eu autant l’occasion de s’enrichir que de distiller pour devenir meilleur.
La self-défense
6- La self-défense est-elle une discipline à part entière ? De quels arts martiaux est-elle composée ? Beaucoup pensent qu’elle est réservée aux femmes, c’est vrai ?
Je considère la self-défense non pas comme une discipline mais plutôt comme un concept, une vocation de travail. Se défendre, d’un point de vue technique, n’est pas si complexe qu’on peut le laisser croire. C’est plutôt la mise en application dans des situations dégradées qui l’est. Je dirais donc qu’elle peut être composée de plus ou moins tous les arts martiaux (à quelques exceptions près) si tenté que le pratiquant s’applique à travailler des mises en situations réalistes pour choisir le bon arsenal technique présent dans sa discipline. La self-défense en revanche n’est pas réservée aux femmes, bien au contraire. Je pense qu’elle concerne tout le monde de près ou de loin, simplement avec des méthodes de travail différentes. L’âge, la mobilité, la force, sont des facteurs inégaux d’une personne à une autre.
7- La self rassemble des techniques efficaces mais il y a une différence entre pratiquer en lieu sûr (dans un dojo par exemple, et bien échauffé), et se retrouver agressé dans la rue ( alors qu’on ne s’y attend pas forcément). A mon humble avis, le traumatisme vient surtout de l’impossibilité de « traduire » une situation de crise et du choc qui en résulte. Comment se préparer mentalement à une agression ou une situation menaçante ?
Tu as tout à fait raison ! Pour ma part je différencie le savoir-faire technique, le pouvoir-faire en entrainement, et le vouloir-faire en situation réelle. En effet vouloir-faire est un processus assez complexe qui se vérifie dans l’action et qui nous confronte à nos peurs. Se préparer au mieux en bossant les techniques en mise en situation les plus réalistes possible avec des niveaux de difficultés croissants et adaptés à l’individu me semble être la seule manière de se préparer au mieux. La suite, c’est la réalité et le résultat de cette préparation souvent bien en-dessous de ce qu’on est capable de faire à la salle.
La prévention
8- Dans tes cours as-tu affaire à des femmes qui se sont déjà faites agressées ? Comment ça se passe ? Quels sont tes conseils en termes de prévention?
Oui j’ai des femmes qui ont déjà été agressées, et comme aux hommes je leur conseille toujours la même chose. Une agression est quelque chose qui commence bien avant la situation de combat et qui est donc précédée de signes souvent visibles si l’on se prépare à les reconnaître. Lorsque l’on voit en amont des situations pouvant dégénérer en agression. L’idéal est de s’en extraire avant d’y être confronté quand c’est encore possible (attention à l’ego). Quand on y est et qu’il est trop tard on le sait. A ce moment il faut quitter ses hésitations ou son déni pour faire ce qui doit être fait pour pouvoir non pas gagner, mais fuir.
Frapper pour se dégager et fuir, est une victoire en soit.
9- Nous avons réalisé ensemble des tutos vidéos de self-défense destinés aux femmes (yesss). Lorsque je t’ai rencontré tu as trouvé l’idée bonne dans son intention. Mais tu m’as aussi dit que tu n’aimais pas forcément montrer des techniques en vidéo car un tuto reste assez superficiel. Quel est ton message vis-à-vis des internautes qui s’inspirent de ce qu’ils voient sur le web en général (en arts martiaux)?
Les vidéos, aussi nombreuses soient-elles, ne montrent qu’un aspect très limité de ce qu’est la self-défense. Elles peuvent, si elles sont bien faites, donner une technique de plus, mais en aucun cas apprendre à se défendre. Apprendre à se défendre est une recherche en soi qui demande une préparation bien plus importante que de regarder une vidéo. Si l’accès à l’information aujourd’hui est facilité, certains savoir nécessitent clairement une pratique régulière avec le ou les bons professeurs.
Tout ne s’apprend pas sur internet lol
10- On voit sur le net des vidéos du genre « Que faire en cas d’attaque de couteau ». Et c’est souvent idéalisé. Mais honnêtement ne vaut-il pas mieux se barrer en courant dans ce cas-là ?
Ce que je dis précédemment s’applique encore plus sur ce type de vidéo, le couteau est une arme on ne peut plus dangereuse car elle peut laisser croire que l’on peut se défendre sans être gravement blessé ce qui est très rarement le cas. Comme dirait un ami qui est spécialiste du couteau « Couteau = CFC (cours Forest cours) »
Questions bonus
11- Cite-nous tes films de baston préférés
The raid 1 et 2, Les Jason Bourne, Jack Reacher, Traqué.
12- Cite-nous échantillon d’abréviations militaires et leur signification (n’hésite pas à mettre les plus marrantes)
Mon instructeur et ami en avait des pas mal :« Je préfère le DP aux excuses » DP pour demi-pêche (bière), DME demi molle exploitable
Ahah Et bien DP dans le langage porno signifie Double Pénétration. Penses-y lorsque ton instructeur te répètera qu’il les préfère aux excuses !
14- Enfin dernière question et non pas des moindres : » Conan, qu’est-ce qui est important dans la vie? »
S’entrainer dur, se détendre dur.
Merci Micka! On se retrouve sur la chaîne Youtube MaVieDeNinja!
Retrouvez également Michael Illouz au Maccabi où il enseigne le silat deux fois /semaine .
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